Claude Parent est né le 26 février 1923 à Neuilly-sur-Seine, et y est décédé le 27 février 2016 à l’âge de 93 ans.
Après des études de mathématiques, il rejoint en 1936 l’atelier de Noël Le Maresquier aux Beaux-Arts de Toulouse. Après la guerre, il déménage à Paris pour reprendre ses études dans de nombreux ateliers des Beaux-Arts. Écœuré par le conservatisme et académisme de l’école, il décide de la quitter, et après quelques passages en agences (dont celle de Le Corbusier), s’associe avec Ionel Schein, un autre étudiant rebelle. Leur association qui durera de 1949 à 1955. En 1952, alors qu’ils sont encore étudiants, ils gagnent ensemble un concours d’architecture national organisé par la revue La Maison Française. Ce prix les propulse dans la presse et leur apporte des commandes de maisons individuelles. Après avoir rencontré André Bloc qui le fit rentrer dans le Groupe Espace, il devient membre du comité de rédaction de la revue Architecture d’Aujourd’hui. Il restera membre du comité éditorial pendant plus de 30 ans. Au sein du groupe Espace, il travaille avec de nombreux artistes et rencontre Yves Klein avec lequel il travaillera sur l’architecture de l’air et du feu. Il réalise de nombreuses maisons individuelles dont Villa Bloc au cap d’Antibes, la Maison Bordeaux-Le Pecq et la Maison Drusch. Il construit aussi plusieurs immeubles d’habitation ou de bureaux dont la remarquable Fondation Avicenne (anciennement Maison de l’Iran) à la Cité Universitaire Internationale de Paris (1962, avec André Bloc et les architectes iraniens Moshen Foroughi et Heydar Ghiai).
En 1963, il fonde avec Paul Virilio, Michel Carrade et Morice Lipsi le groupe Architecture Principe. Parent et Virilio, défendant idée d’une nouvelle appropriation de l’espace cassant avec la règle orthogonale, développent la « Fonction Oblique » (1963-1968). Parent est co-fondateur, puis rédacteur en chef de la revue Architecture Principe, le manifeste du groupe. Parmi les projets réalisés représentatifs du concept de « fonction oblique », on peut mentionner l’église Sainte-Bernadette à Nevers (1963-1966) avec Paul Virilio, maintenant classés Monument Historique.
Après la rupture d’Architecture Principe, Claude Parent continue le développement de la Fonction Oblique dans plusieurs bâtiments, dont sa propre maison, l’appartement Bellaguet, ou le supermarché de Sens (1970, aussi classé Monument Historique). Il entreprend aussi, jusqu’en 1973, une action de vulgarisation de l’architecture oblique dans le cadre des maisons de la culture. En 1969, il est nommé commissaire du pavillon français de la Biennale d’Art de Venise de 1970, qu’il transforme en espace oblique et où il invite les artistes à participer à cette l’expérience.
Parallèlement, il réalise de grands ensembles commerciaux, des ensembles socio-culturels, notamment la maison des jeunes et de la culture de Troyes, des immeubles de bureaux à Lyon-Villeurbanne pour Électricité de France et dans le centre historique de Prague (immeuble et galerie commerciale Myslbek, avec Zdenek Hölzel et Jan Kerel, 1992-1996), des collèges et des lycées.
Il élabore des modèles architecturaux ainsi que des études d’insertion dans le site pour le programme de centrales nucléaires d’Électricité de France. Il dirige le Collège des Architectes qui fera de la recherche architecturale pour EDF et travaille notamment sur les centrales de Cattenom et de Chooz. Il réalise par ailleurs le Théâtre Silvia Monfort à Paris, l’hôtel de région à Marseille, et l’hôtel de ville de Lillebonne.
Théoricien, il est l’auteur de nombreux ouvrages, tels Vivre à l’oblique (1970), Cinq réflexions sur l’architecture (1972), Claude Parent architecte (1975), L’Architecture et le nucléaire (1978), Entrelacs de l’oblique (1981), L’Architecte, bouffon social (1982), Colères (1982), Les Maisons de l’atome (1983), Errer dans l’illusion (2001), Quand les bouffons relèvent la tête (2002), Cuits et archicuits (2003), Demain la Terre (2010), Stop & Go (2012), Et de très nombreux articles critiques, en particulier pour Architecture d’Aujourd’hui.
Ses réalisations et théories architecturales, ses dessins visionnaires et ses écrits sont aujourd’hui reconnus comme une influence majeure de l’architecture contemporaine. Cassant avec la règle orthogonale classique et moderniste, il introduit l’oblique comme solution architecturale, promouvant le mouvement et l’instabilité dans le langage architectural. Jean Nouvel (qui a travaillé pour Claude Parent), Frank Gehry, Zaha Hadid, Daniel Libeskind, Wolf D. Prix, Odile Decq et de nombreux autres, ainsi que de grands historiens d’Architecture ont confirmé l’incroyable révolution et influence séminale que la fonction oblique a représenté historiquement dans l’architecture d’après-guerre et contemporaine.
Commandeur de la Légion d’Honneur.2010
Commandeur des Palmes académiques
Commandeur des Arts et Lettres.1996
Commandeur dans l’Ordre du Mérite.1990
Grand Prix National d’Architecture 1979.
Médaille d’Argent de l’Académie d’Architecture.
Médaille de l’Union des Arts Décoratifs.
Médaille d’or de la Société d’Encouragement au Progrès :1983
Médaille de l’UIA pour son travail critique.
Grande médaille d’argent d’Architecture I : 1978 (Fondation le Soufoché).
Membre de l’Académie d’Architecture de 1979 à 2006.
Membre de l’Academia delle Arte de disegno à Florence.
Membre de l’Institut : Académie des Beaux –Arts, réception le 15 mars 2006.